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Actualités de l'ITC
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http://bibliobs.nouvelobs.com/web-side-stories/20121018.OBS6250/la-twitterature-a-son-festival-et-ses-tweets-d-or.html
La twittérature a son festival... et ses tweets d'or
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On ne rigole pas: l'Institut de twittérature comparée de Bordeaux-Québec organisait, ce mardi, le 1er Festival international de twittérature.
La twittérature gagne du terrain. Rappelez-vous, en 2010, on vous avait déjà touché deux mots de la chose, née à Chicago, où des étudiants avaient entrepris de résumer en 140 signes les chefs-d’œuvre de la littérature. Tout ça pour surfer sur le succès grandissant du site web qui limite votre pensée à quelques mots: Twitter.
Depuis c’est devenu du sérieux. Ce 16 octobre, la ville de Québec, au Canada, a ainsi accueilli le 1er Festival international de twittérature: le 140MAX. Organisé par l’Institut de twittérature comparée de Bordeaux-Québec (véridique), il a consisté en une série de tables rondes où les intervenants ne sont pas limités à 140 signes. Dommage? Il faut dire que les thèmes abordés étaient extraordinairement savants: «la théorie du gazouillis», «la pédagogie du gazouillis» ou encore «le volet artistique et littéraire de la twittérature».
Outre ces grandes discussions, un concours a surtout été ouvert aux écoliers de plus de cinq pays, dont la France. Il s'agissait de décrocher «le tweet d’or». L’équivalent du Prix Nobel dans le milieu. Mais, chut, on ne peut pas dire du mal des enfants.
Extension du domaine de la twittérature
Il est plus étonnant de constater que le tweet est une affaire d’Etat au Québec. En effet, il est perçu comme un moyen de remettre les élèves sur les rails de l’écriture et de la littérature. Si bien que l’un des organisateurs du festival, Jean-Yves Fréchette, a raconté à nos confrères du journal «La Presse»son expérience éducative:
J’ai participé, l’an dernier, à projet du Ministère de l’Education pour créer un logiciel qui intègre la twittérature dans les classes du primaire, du secondaire, et du collégial. C’est un médium qui plaît aux jeunes. Imaginez, les profs leurs disent qu’ils peuvent amener leur iPod en classe.»
Toujours lui, qui se présente comme l’un des précurseurs de la twittérature québécoise, a même tapé dans l’œil du Ministre de l’Education Nationale:
C’était il y a deux jours. Il était minuit moins quart, j’étais sur le point de me coucher. Je vois que Pierre Duchesne me retweete, le nouveau ministre. Merde, je parle à Pierre Duchesne!»
Et qu’a donc relayé, ce nouveau ministre? «L’intelligence transversale du métal ne pénètre jamais au cœur des synapses. L’équation du romantisme demeure nébuleuse pour les automates.» Signé Fréchette, le Maurice G. Dantec de Twitter.
Les tweets d'or tant attendus
Mais oublions un peu cette littérature futuriste. Et rendons plutôt grâce aux lauréats du «le tweet d’or», d'autant qu'il y a parmi eux des Français. Cocorico.
Dans la catégorie des 5-7 ans, donc:
Le futur, c’est comme un beau cadeau sous le sapin de Noël. C’est un peu comme une surprise car on ne sait pas ce qui va arriver.»
Pour les primaires, c’est un petit Parisien qui a fait mouche:
Demain, la Terre deviendra carrée et si quelqu’un s’aventure sur les angles droits, il deviendra lui aussi un cube.»
Et enfin, la crème de la crème, le meilleur d’entre tous:
L’ordinateur, la tablette, le téléphone mobile, le MP3, les réseaux sociaux. Le futur, c’est une série de mises à jour en continu.»
Tables rondes du 1er Festival international de twittérature de Québec
Tel que promis, voici les captations des très intéressantes tables rondes du premier Festival international de twittérature 140 MAX, animées par le sympathique Matthieu Dugal, qui se sont déroulées le 16 octobre dernier à Québec. En tant que diffuseur officiel de l’événement, ARTV a eu la chance de retransmettre les échanges en direct sur le web via sa plateforme de diffusion Facebook ARTVprivilège.
Voici les discussions au menu organisées par l’Institut de twittérature comparée à la Bibliothèque Gabrielle-Roy dans le cadre du Festival littéraire thématique Québec en toutes lettres.
AU PROGRAMME
« Mot de bienvenue » de Jean-Yves Fréchette (@pierrepaulpleau).
« Autour de la twittérature » avec le journaliste du Devoir Fabien Deglise, le professeur et chercheur à l’Université de Montréal Patrick Drouin, l’éditeur Gilles Pellerin et l’écrivain, professeur et twittérateur Marc Rochette.
« Twittérature et pédagogie » avec Marie Champagne, enseignante au secondaire, Annie Côté, enseignante au primaire, Annie Côté, enseignante au secondaire et conceptrice du logiciel Twittexte et Nathalie Couzon, twittérateure et enseignante au secondaire.
« Pourquoi je tweete ? » avec les twittérateurs @multimot, @machinaecrire,@simonpaquet, @pierrepaulpleau et @white_hector.
EN BONUS, la vidéo de @ZeoZigzags : Fi lou file où.
Le concours d’écriture sur Twitter organisé pour cette occasion a couronné Éric Dumais, le rédacteur en chef du magazine Bible urbaine.
#TWITTÉRATURE
Twitter flirte allègrement avec la littérature ces jours-ci. Voici quelques initiatives dignes de mention à ce chapitre.
#twitterfiction : Sylvain Carle nous a fait suivre ce billet sur l’événement Twitter Fiction Festival, un rassemblement virtuel dédié à l’expérimentation de nouvelles écritures mettant en vedette les incursions littéraires d’auteurs de fiction en provenance des quatre coins de la twittosphère.
#ZEsphere : défi Twitter littéraire organisé à chaque mois par la Zone d’écriture de Radio-Canada et La Sphère.
#140novel : concours de fiction littéraire en 140 caractères. Organisé par The Guardian, l’initiative invitait 21 auteurs, dont Ian Rankin, Helen Fielding, Jeffrey Archer et Jilly Cooper, à raconter une brève histoire par l’entremise de tweets.
#djxxx : Plus près de nous, mentionnons la pièce Dom Juan_uncensored, à l’affiche à La Chapelle jusqu’au 10 novembre (en supplémentaires aussi en décembre), qui se veut une déconstruction du Dom Juan de Molière, où le personnage principal et le public sont invités à critiquer le mythe en direct sur Twitter…
Ceci est l’espace public #djxxx
— Don Juan (@xxx_donjuan) Octobre 27, 2012
#TwittérateursQC: La Zone d’écriture de Radio-Canada vous suggère ces textes d’écrivains traitant de la littérature en 140 caractères.
PREMIER FESTIVAL INTERNATIONAL
Quand le réseau n’était encore qu’à ses balbutiements, Thierry Crouzet (@Crouzet) fut parmi les premiers à commettre des tweets littéraires. Entre décembre 2008 et avril 2010, il publia carrément untwiller (un thriller sur Twitter) intitulé Croisades et composé de 5200 tweets.
Jean-Michel Le Blanc, journaliste localier à Bordeaux, appartient lui aussi à cette communauté virtuelle mais bien réelle de twittérateurs. Depuis bientôt trois ans, sous le pseudonyme @Centquarante, il poste au moins un tweet littéraire par jour. Exemple: «La poésie était toute sa vie. Tout devait rimer, selon son avis. Elle l’invita ingénue à une soirée-champagne, il s’y pointa nu, sans pagne.» (3 février)
Non content d’évoluer dans la contrainte, déjà ô combien difficile, de faire tenir une micro histoire en quelques mots, Jean-Michel Leblanc pousse le vice jusqu’à s’imposer de rédiger ses tweets en 140 caractères tout rond, ni plus, ni moins. Le tweet parfait en somme. Dans le langage twitter, on appelle ça un twoosh. L’équivalent du strike au bowling…
C’est en tombant sur les twoosh de Jean-Michel Leblanc, que, de l’autre côté de l’Atlantique, Jean-Yves Fréchette, enseignant au Québec et twittérateur notoire, eut l’idée de créer un organisme capable de promouvoir et de fédérer toutes ces initiatives éparpillées dans le maelstrom cybernétique.
«Découvrir Leblanc, ça a été comme m’apercevoir qu’un phare twittéraire s’était allumé à Bordeaux, raconte Jean-Yves Fréchette, alias @pierrepaulpleau. Et comme Québec et Bordeaux sont des villes jumelées, je me suis dit qu’il fallait absolument organiser un événement de twittérature comparée.»
Les deux hommes entrent en contact et cofondent, en août 2010, l’Institut de twittérature comparée (ITC). Dotée d’un manifeste et de deux antennes, à Québec et à Bordeaux, l’ITC organise son premier festival international de twittérature le 16 octobre 2012, pour fêter les 50 ans du jumelage entre les deux villes.
S’inscrivant dans l’héritage de l’Oulipo (Ouvroir de Littérature pontentielle) dont les membres se définissaient eux-mêmes comme des «rats qui construisent eux-mêmes le labyrinthe dont ils se proposent de sortir», l’ITC assume le caractère ludique de son entreprise. «On ne se prend pas au sérieux, explique Jean-Michel Le Blanc, ce qui nous plait c’est de jouer avec la contrainte.»
Car avant d’être un courant littéraire ou même un mouvement, la twittérature est d’abord un exercice de style. Tout comme l’était au départ le projet d’Alexander Aciman et d’Emmett Rensin, ces deux étudiants de Chicago qui passent pour être les inventeurs du terme twittérature.
Leur livre, Les chefs-d’œuvre de la littérature revue par la génération Twitter ou 70 chefs-d’œuvre de la littérature mondiale résumés en 140 caractères, sorti en 2009 aux états-Unis, s’est vendu comme des petits pains. Paradoxe: il ne s’agit pas de twittérature au sens propre puisque les textes n’ont jamais été postés sur le réseau social. Mais l’esprit y est.
GENEALOGIE PRESTIGIEUSE
Le fait de s’imposer un cadre «pour faire surgir un imaginaire que l’on n’aurait pas pu libérer autrement», comme le rappelle Jean-Yves Fréchette, existe depuis que la littérature existe. Que sont les haïkus sinon de courts fragments littéraires qui se suffisent à eux-mêmes?
Outre la poésie japonaise, les expériences littéraires de l’Oulipo et même les cadavres exquis des surréalistes, la tradition du roman-feuilleton au XIXe siècle est clairement revendiquée par les twittérateurs. On pense à Félix Fénéon et ses Nouvelles en trois lignes publiées à partir de 1905 dans le journal Le Matin: «Elle tomba, il plongea. Disparus.» (1906)
Archétype de l’esthétique du bref, le mouvement de la Very very short story dont Ernest Hemingway serait l’instigateur entre aussi dans cette généalogie prestigieuse. Dans les années 1920, l’écrivain américain aurait été l’auteur d’une micro-nouvelle de six mots, For sale: baby shoes, never sworn.
Pour l’écrivain Stéphane Bataillon, twittératurophile * averti, cette nouvelle littérature accompagne en tout cas «le mouvement de retour actuel des formes brèves en littérature, dans le sillon d’auteurs comme Eric Chevillard et son autofictif, ou de manifestation comme le Prix Pépin». Depuis 2005, le prix Pépin récompense une nouvelle de science-fiction de 300 signes.
En 2012, c’est un certain Ludovic Recourchines qui l’emporta avec ces trois phrases: «L’ambassadeur de Mars 3 avait bien étudié les coutumes politiques terriennes. Il promit donc de ne pas entrer en guerre avant deux cent ans, quoi qu’il arrive. Bien conscient que cela ne l’engageait en rien.»
Depuis plusieurs années, les tentatives de faire émerger de nouveaux objets littéraires sur twitter se multiplient. En France, Laurent Zavack, auteur du premier roman publié sur le réseau social, Kamuks(2009), s’est essayé à la twittérature érotique avec On l’appelait Sodomy, un roman composé uniquement de SMS échangés entre les deux personnages du récit.
Dans le domaine de la poésie, Jean-Michel Leblanc a mis au point une nouvelle forme, le «twittérain»: 14 tweets de 140 caractères. Des combats fraternels de tweets, à la manière des duels de tchatche des Fabulous Trobadors s’improvisent sur la Toile.
L’édition se formalise également. En France, la maison d’édition Twitteroman, créée par Zavack, édite et promeut tous les auteurs qui utilisent Twitter pour faire de la littérature — qu’il s’agisse de romans, de poésie, de nouvelles ou de journaux intimes. Si le phénomène est en perpétuelle évolution, il reste toutefois relativement marginal.
Combien de twittérateurs sur les plus de 500 millions d’utilisateurs que compte Twitter? Difficile à évaluer. Peut être entre cent ou trois cents dans l’aire francophone. Quant aux auteurs de twoosh, selon Jean-Michel Le Blanc, ils se comptent sur les doigts de la main.
Et combien de lecteurs de twittérature dans le monde? Là aussi difficile de le savoir précisément. Des auteurs comme Fréchette ou Leblanc drainent respectivement jusqu’à 1800 et 2600 abonnés. Mais en moyenne, les twittérateurs ont rarement plus de 500 abonnés.
Effet de mode ou tendance de fond, là n’est pas la question. Et pour Jean-Michel Fréchette, il ne fait aucun doute que la twittérature a de beaux jours devant elle. «En 1918, on aurait été devin de penser que le groupe d’hurluberlus réunis autour de Tristan Tzara allaient être à l’origine du bouleversement de la peinture moderne», s’enflamme-t-il.
Certes Twitter n’est pas le dadaïsme, mais on peut légitimement penser que dans une société occidentale qui privilégie toujours plus la concision, la rapidité et l’instantanéité, toute forme de micro-littérature séduit même si elle ne remplacera jamais la littérature traditionnelle — elle n’y a pas vocation.
Signe des temps, Robert Silvers, le célèbre rédacteur en chef de la New York Review of Books a récemment apporté une reconnaissance inespérée à ce genre tenu pour mineur. «Twitter, c’est 140 caractères. Ça limite les possibilités même si cela peut aussi susciter des aphorismes inattendus», a-t-il dit dans une interview accordée au Monde des Livres, le 7 février 2013. En quelques mots, les potentialités de la twittérature résumées par le gardien du bon goût et de la grande littérature. Que rêver de mieux?
* mot forgé par l’auteure de l’article.
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