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dimanche 19 mai 2013

L'esthétique du court



http://www.twittexte.com/ScriptorAdmin/scripto.asp?resultat=732098


Une époque obsédée par la concision et les formats courts






par : Fabien Deglise






Il y a eu des courriels, une visite à sa résidence - où il n'était pas ! -, mais rien n'a été fructueux. Le romancier-flibustier Victor-Lévy Beaulieu a, après plusieurs invitations restées lettres mortes, refusé de faire entrer son univers littéraire en moins de 140 caractères. Et il s'est justifié, devant notre insistance, avec la franchise qui est la sienne.
« Je suis du côté de la surabondance, a écrit le barbu grincheux de Trois-Pistoles. J'aguis tous les rapetisseurs de tête, car en rapetissant la tête c'est l'esprit aussi qu'ils rapetissent. Les peuples primitifs s'y livraient précisément pour cela. Rendre sénile une société précoce n'est donc pas mon affaire. » Le monde carbure de plus en plus à la concision et aux petits formats. VLB, lui, reste fier dans la marge, au risque d'y être de plus en plus à l'étroit.
C'est que la modernité n'a pas juste le dos large pour expliquer les travers de notre époque. Elle est aussi en train de modifier en profondeur notre façon d'appréhender le présent, de le nommer, de le construire, de l'imaginer, mais également, n'en déplaise à VLB, d'influencer la création artistique, par des contraintes d'espace et de temps qui, au cours des dernières années, sont passées d'anecdotes à normes. Avec obsession.
« Les environnements numériques dans lesquels nous nous trouvons ont cette caractéristique d'encourager la concision, résume à l'autre bout du fil le philosophe Milad Doueihi, auteur du bouquinPour un humanisme numérique (Seuil), une brique dans les circonstances avec ses 177 pages. Cette contrainte est inscrite dans la nature des objets numériques conçus pour partager, pour retransmettre, mais aussi pour le faire dans cette logique de flux et dans la tentation de l'instant. Le fragment, le contenu concis, le mini-format sont les plus appropriés pour alimenter ces réseaux et le faire aussi de manière quasi naturelle » en imposant au passage une dictature du court qui va au-delà des espaces de communication qui, bien souvent, les ont fait émerger.
Une culture du lien
Le mimétisme est fort. Il trouve aussi un terreau fertile dans un contexte social où le lien - celui sur lequel on a commencé à cliquer avec l'apparition du Web - est désormais valorisé. « Le mini-format, c'est un lien, c'est un concentré qui contient un référant renvoyant à autre chose, dit M. Doueihi. Plus on fait dans les petits formats, plus on entretient cette structure caractéristique de la vie en réseau. »
Concision, urgence et instant. Le présent semble avoir trouvé son triptyque fondateur, même si pour cela il ne regarde pas seulement sur l'écran d'un téléphone dit intelligent, mais également vers le passé où cette quête du format court, de la pensée exprimée avec économie de lettres, a finalement commencé.
« La concision n'est pas née avec le réseau Twitter [cet espace de microclavardage qui contraint la communication dans des messages de moins de 140 caractères], résume Jean-Yves Fréchette, cofondateur de l'Institut de twittérature comparée, un organisme qui explore, analyse et enseigne les mutations littéraires induites par les temps modernes. Elle est à l'origine de l'écriture, elle est portée par une multitude de figures de style, comme la litote, l'allusion, l'asyndète... Ce qui est nouveau toutefois, c'est l'obsession qu'elle nourrit » et qui s'impose désormais dans un paradoxe que les amateurs de lignes temporelles, les « timeline » comme on dit sur Facebook, vont sans doute trouver amusant.
« Par le passé, les petits formats ont émergé pour une question de rareté, dit Milad Doueihi, faisant référence, entre autres, à la difficulté de trouver du papier et à la lourdeur de l'écriture sur des blocs de granit. Aujourd'hui, c'est l'inverse, c'est en raison de l'abondance », de la vitesse, du manque de temps, du culte de la performance...
« La fragmentation de nos échanges, de nos créations, la fragmentation de nos points de vue sur le présent va de paire avec la sollicitation médiatique qui va en s'accentuant, résume Guillaume Latzko-Toth, chercheur au Groupe de recherche et d'observation sur les usages et cultures médiatiques de l'UQAM. Notre budget temps n'a pas augmenté, contrairement aux sources qui nous permettent désormais de le dépenser. Pour s'en sortir, il faut fragmenter », attisant parfois les critiques et les reproches sur une concision restant parfois et en certains lieux sur la surface des choses.
« C'est en partie vrai, dit Jean-Yves Fréchette. Il y a une généralisation d'une écriture de l'épiderme. Chaque chaire de poule devient le prétexte d'une expression. » Et c'est sans doute pour cela que la twittérature a décidé d'exister.
Bref, mais dense
« Dans ce format, la littérature vient ralentir le flux de la publication », poursuit l'homme de lettres, qui invite ses contemporains à « twitter peu, mais à twitter mieux ». « Pour écrire court, il faut prendre le temps de le faire. Cela donne au final une densité à la communication. La brièveté va commander un plus grand travail chez le récepteur. Et cela installe une complicité dans le décodage qui n'a rien de superficiel.
Dans le lot des nouvelles littéraires collectées au cours des dernières semaines auprès de 25 romanciers, auteurs et dramaturges de la francophonie (voir autre texte), plusieurs de ces fragments de présent en font facilement la démonstration, comme celle de Bernard Pivot, grand ambassadeur de la littérature et de la langue française, dont le peu de lettres cherche finalement à déjouer la facilité du présent. Son titre : « Fatale méprise ». La nouvelle : « Il la croyait, riche, douce et cultivée. Dès leur nuit de noces, il sut que c'était un homme pauvre, brutal et borné. »
Il y a beaucoup avec peu, mais il y a surtout une virgule de trop, un titre calculé et le choix d'un pronom personnel qui, en laissant perplexe, suscite questions, débats et réflexions, comme pour mieux déjouer la vacuité du présent en passant par ses outils et ses formats de prédilection. Chapeau.



http://www.rslnmag.fr/post/2013/02/12/Des-nouvelles-litteraires-en-140-caracteres.aspx

Des nouvelles littéraires en 140 caractères

Claire BerthelemyClaire Berthelemyle 12/02/2013

Des nouvelles littéraires en 140 caractères
Qu'ont en commun Alexandre Jardin, Bernard Pivot et Tahar Ben Jelloun, hormis leur métier d'écrivain ? Passionnés de et par Twitter, les trois auteurs francophones - parmi 25 - ont rédigé chacun une nouvelle en 140 caractères pour en faire un recueil rapporte Actualitté.
Il existe des réfractaires aux gazouillis sur Twitter. Mais le réseau social est pour certains celui des rencontres entre public et une poignée d'intellectuels.


Pourquoi beaucoup d'intellectuels semblent mépriser Twitter ? Parce qu'il faut faire court ou parce qu'il y a trop de monde ?

Twitter c'est aussi le lieu de tous les challenges littéraires ou pas.Dernière initiative en date : 25 auteurs québécois, français et marocains ont prêté leurs plumes respectives pour écrire des nouvelles de 140 caractères.
Réunis autour du journaliste Fabien Deglise, du Devoir à Montréal, chacun a donc composé sa nouvelle à plus ou moins quatre caractères de la limite. Mention spéciale à Tahar Ben Jelloun, dans la limite haute avec 144 caractères. Fabien Deglise explique :
« Face à 140 caractères, il y a eu des auteurs confiants, rapides, perplexes, étonnés, curieux ou troublés. [...] Au final, il y a surtout 25 histoires plus que courtes qui cherchent à coller de près à la modernité, à ses nouveaux formats, à ses modes et à ses lubies. Ces récits explorent en 25 chapitres les contours et les frontières d'une littérature aujourd'hui en mouvement. À l'image de la condition humaine qui la nourrit, la façonne et l'anime, forcément. »
Aperçu :
« Entre toi et moi, il y eut un coup de foudre suivi d'une vie; ses hauts, ses bas. Désormais la mort, il ne reste que l'amour; » l'éternel. Kim Thùy
« Elle ne l’était pas foncièrement, il peinait lui-même à l’être. Ensemble, ils ne le furent pas du tout. Heureux. » Monique Proulx



http://eclectico.effetdesurprise.qc.ca/?p=1069


Twittérature, formes brèves et contraintes bénéfiques


Les récits brefs ou microfictions aux formes rebelles et exploratoires sont à la mode ces temps-ci et ils témoignent  de la déconstruction ambiante, des structures évanescentes d’un univers souvent éclaté et fragmenté. C’est d’ailleurs Roland Barthes qui célébrait l’ère du fragment pour décrire la spécificité de notre post-modernité. En effet, les formes narratives brèves ne constituent plus nécessairement des genres mineurs dans la littérature contemporaine. Les nanotextes de Patrick Moser et les micronouvelles qui remontent à Hemingway se multiplient depuis un bon moment déjà. Pourquoi alors persister dans l’ignorance de lamicrofiction ou de la fiction éclair en dépit du fait que l’on assiste actuellement à une explosion sans précédent de micro-récits?
Écrire aujourd’hui…
À l’heure des microblogues, le milieu scolaire s’interroge sur les genres d’écrits à proposer  aux élèves qui n’ont jamais  autant écrit durant leurs moments libres et à l’extérieur de l’école ainsi que le rappelle Sébastien Stasse (alias @sstasse) dans le montage vidéo « Comme hier? » qu’il a produit. Déjà que le destinataire soit bien réel n’est pas une mince affaire. Il a toujours été problématique de s’assurer d’avoir des lecteurs pour les productions écrites depuis que la prise en compte du destinataire figure dans les programmes d’études.
Bien sûr que c’est davantage évident cette nécessité de prise en compte lors des écrits factuels, mais il est bien agréable aussi de contacter des lecteurs directement ou indirectement avec des écrits plus littéraires. Déjà une certaine effervescence se fait sentir grâce aux innovations de certains enseignants. Jean Doré (alias @JeanDore) raconte sur son blogue l’exploit de #12hommes qui amène ses élèves (voir leursréactions)  à recourir au microblogue pour constituer une banque d’arguments et de contre-arguments à partir de déclencheurs filmiques fortement mobilisateurs avant derédiger leur texte argumentatif. Il y a aussi Annie Côté (alias @AnnieSentiers et @Annierikiki) qui publie depuis quelques semaines les meilleurs  gazouillis de ses élèves de cinquième secondaire en leur proposant des défis hebdomadaires hautement stimulants (ex. faits divers, rêves, horoscopes farfelus, fausses citations). Elle vient d’ailleurs  tout juste d’élargir sa croisade en proposant la rédaction d’un mode d’emploi à toute  la communauté Twitter,  son premier devoir pour tous #devoirpt en mettant au défi tout un chacun qu’elle a pris la peine de solliciter non seulement collectivement mais souvent même individuellement. Nous sommes tous devenus ses élèves en ce 25  avril 2011 et même les élèves de ses élèves: une délégation inversée nettement dans l’esprit oulipien. Cette initiative  a d’ailleurs été valorisée dans le journal de ce matin. Que @pierrepaulpleau alias @JYFréchette ne soit pas bien loin n’étonnera personne depuis que l’on a entendu l’entrevue radiophonique qu’ils ont tous deux accordée en mars dernier et maintenant que le journal Le Soleil accorde davantage de visibilité à ce projet qui gagnera de plus en plus d’adeptes au fil du temps.
Vers de nouvelles pratiques rédactionnelles
Partout des expériences sont en cours, non seulement sur Twitter mais avec de nouveaux logiciels. Je songe notamment  à @slyberu et à sa poésie collaborative avecMeeting Words. Je pense aussi à @jmlebaut , outre Atlantique, qui a compris depuis longtemps l’impact d’un blogue de classe (i-voix) pour amener ses élèves à se surpasser culturellement  en explorant des formes canoniques ou non  de lecture-écriture et de réécriture.
Encore trop souvent dans l’ombre pour l’instant, plusieurs pédagogues moins frileux s’agitent et leurs initiatives erratiques, ponctuelles ou arborescentes commencent à émerger du milieu au-delà de la morosité ambiante et répressive qui survient lorsque les milieux scolaires tiennent un double discours et des injonctions fortement paradoxales:oui, allez-y, explorez….mais, attention, on vous bloque quand même Twitter, Facebook et même Internet! C’est sans doute pour accroître la détermination des troupes qui refusent de se plier à leurs diktats contradictoires et empreints d’une peur sournoise.
Réécritures, parodies, pastiches, détournements et retournements : les œuvres des autres deviennent des matériaux utilisables et acquièrent une nouvelle existence dans ce recyclage symbolique: la filiation entre les textes s’accroît et l’intertextualité de surcroît. Le lire-écrire se réunifie volontiers, à l’instar du parler-écouter, dans  l’interaction inévitable afin que la nanoprose et la nanopoésie prennent leur  envol dans  cette nanolittérature qui commence à avoir le vent dans les voiles. C’est le cumul des gazouillis (tweets) qui confère son intérêt à la chose. Demander aux élèves ce qu’ils pensent d’un phénomène, d’un article lu, d’un événement raconté, de l’agissement d’un personnage fait en sorte qu’un bouillonnement de paroles et de mots survient aussitôt.
La question à se poser demeure celle-ci: que peut-on inventer en 140 caractères ou moins? Même s’il n’est pas indispensable de recourir à ce microblogue qu’est Twitter, il deviendra de plus en plus évident de constater que les échanges  sont facilités par la possibilité de rétroactions directes, cumulatives  et immédiates. Voici d’emblée quelques suggestions rassemblées à des fins facilitatrices pour circonscrire ou orienter des actions possibles en classe de Twittérature,  et présentées ici sous forme de jeux expérientiels sollicitant la collaboration de tous.
Quelques formes brèves à explorer et à subvertir!
Pourquoi ne pas recourir, à l’instar de pédagogues innovateurs, à ces formes brèves qui s’éclatent et s’amplifient en raison du collage progressif virtuel ou non de tweets rassemblés de façon plus ou moins manifeste? Pour susciter des explorations échelonnées, voici une ébauche de répertoire évoquant quelques possibilités exemplifiées fréquemment à l’aide de Wikipédia:
ABÉCÉDAIRE: Les mots successifs doivent suivre l’ordre alphabétique et idéalement contenir le plus possible de mots contenant la lettre mise en évidence.
ACRONYME: Groupe d’initiales abréviatives qui se lisent ou non comme des mots et auxquelles on peut donner toutes sortes de significations et s’amuser avec les définitions des autres personnes qui en proposeront également.
ACROSTICHE : Poème de longueur variable pouvant être élaboré à plusieurs et dont le nombre de vers dépend directement du nombre de lettres d’un mot de départ   et dont les vers commencent aussi par les  initiales  les lettres successives de ce mot ou prénom.
ANNONCE : Communication relative à un événement  avant qu’il survienne. Faire en sorte qu’il soit en lien avec la culture (spectacle, film, récital, parution d’un livre…)
APHORISME : Remplacer les éléments d’un aphorisme de départ par d’autres de même nature.
ARGUMENT : Allégation ou assertion sur laquelle on s’appuie pour justifier sa position.
BILLET : Très court éditorial pouvant être humoristique, sur un micro-blogue en plus.
BLAGUE : Histoire drôle conçue à partir de diverses techniques pour susciter le rire.
BOUT-RIMÉ :Le bout-rimé est un poème dont les rimes sont imposées par quelqu’un
BRÈVE : Nouvelle ultra courte résumant un événement survenu, imaginaire ou non.
CADAVRES EXQUIS : Phrases obtenues par pliage ou collusion de groupes de mots produits de façon aléatoire.
CAVIARDAGE : Suppression au hasard (ou noircissement) d’éléments d’un texte littéraire ou  courant pour   constituer  un texte poétique à partir des mots rescapés.
CHAÎNE DE MOTS : Chaque mot additionné  doit commencer par la dernière syllabe du mot précédent. Il s’agit d’un jeu de kyrielles.
CHARADE : Genre de devinettes structurées à  partir de la structure canonique: Mon premier est … Mon deuxième est … Mon troisième est…. Mon tout est…
CHASSÉ-CROISÉ : Permutation, mouvement ou  déplacement d’éléments dans deux séquences identiques qui deviennent aussitôt croisées.
CITATION: Énoncé provenant d’un auteur célèbre ou en devenir. Des vraies, mais aussi de fausses citations plus créatives.
COLLAGE : Rencontres improbables  de courts énoncés pour créer des effets en les rapprochant, en les juxtaposant, en les plaçant  les uns à la suite des autres.
DÉDICACE: Si vous étiez un écrivain devant dédicacer un livre réel ou imaginaire, qu’écririez-vous?
DÉFINITION fictionnelle : Fausse définition inspirée de celles des dictionnaires et qui  a l’air vraisemblable.
DESCRIPTION: Précisions organisées relatives à un lieu, à un souvenir, à une personne, à un animal ou à un objet.
DEVINETTE : Jeu d’inférences très court habituellement structuré selon le modèle suivant:  Je suis… J’ ai… Qui suis-je?
DIALOGUE : Conversation réaliste ou farfelue entre des personnages fantaisistes ou réalistes qui peuvent tout aussi bien être des objets, des animaux ou des concepts.
DICTON: Capsule de sagesse ayant franchi les âges sous forme de formule figée.
ÉNIGME : Genre de devinette ou d’allégorie obscure comportant  un problème souvent difficile à résoudre.
ÉPIGRAMME : Poème très bref  comportant une pointe satirique. Le plus court des genres littéraire, puisqu’il consiste en une inscription.
ÉPIGRAPHE : Citation  indiquant l’esprit d’une œuvre et mise en exergue au tout début d’un roman.
ÉPITAPHE :Brefs énoncés concernant une personne décédée.
ÉPENTHÈSE: Jeux de mots introduisant des liaisons expressément voulues.
EXCUSE : Argument de bonne foi destiné à éviter un reproche. Inventer des excuses farfelues et créatives pour toutes sortes d’occasions.
EXPLICATION : Raison, énoncé pour éclairer un fait, une action, un choix.
FABLE EXPRESSE : Une ou deux phrases complétées par une morale.
FAIT DIVERS: Narration d’un événement anecdotique généralement considéré comme banal.
FRAGMENT: Morceau textuel provenant d’un texte plus long atomisé pour les besoins de la cause.
GLOSSAIRE : Précision de termes rangés alphabétiquement accompagnés de leur définition. Michel Leiris disait que l’on y serre ses gloses: bifurcations, dérives et errances.
GREFFE : Découper des alexandrins à l’hémistiche (à la moitié) et les croiser  ou   les associer de façon aléatoire.
HAÏKU : 5-7-5 syllabes sur 3 lignes: ce sont les canoniques, mais on peut aussi en 3 vers prendre certaines libertés.
HISTOIRE EN CHAÎNE : Un énoncé en convoque un autre qui s’y arrime comme il le peut. Le Twitteroman sans E en est un exemple. Un long texte non prémédité et non planifié peut en dériver résultant du collage de gazouillis interreliés.
HOROSCOPE : Reprise des catégories  des horoscopes zodiacaux en tentant de les affranchir de l’influence des planètes et en induisant des suggestions de tous ordres plus ou moins  farfelues.
INCIPIT : Débuts ou commencements de récits, de romans et de nouvelles. De la première phrase découle inévitablement un texte qui s’y arrime. Aragon en a vanté les mérites et la puissance: pourquoi ne pas en colliger?
INVENTAIRE : À la suite de Prévert, en constituer de poétiques à partir de divers matériaux thématiques en y insufflant une  propension numérique.
KOAN : Énigme insoluble qui fait longuement réfléchir et qui plonge dans un état méditatif.
LOCUTION INTROUVABLE : Fabrication, à la manière oulipienne, d’une locution qui semble authentique mais qui n’existe pas encore.
LOGORALLYE :  Utilisation de quelques mots imposés en faisant en sorte qu’ils figurent dans une même  histoire selon un ordre donné. Il s’agit du parcours obligé des oulipiens.
MAXIME : Formulation frappante et imagée résumant une réalité observée ou témoignant d’une conception du monde.
MODE D’EMPLOI: Articulation d’une façon de faire pour l’obtention d’un résultat dans diverses sphères de la réalité factuelle ou fictionnelle.(Voir le #devoirpt ci-haut mentionné)
NOUVELLE : Courte histoire comprenant généralement une chute étonnante. Penser auxmicro-nouvelles en 3 lignes de Félix Fénéon.
PARODIE : Imitation faite avec une intention comique dans le but de faire rire.
PASTICHE : Écrire « à la manière de… », en reprenant des éléments du style d’un auteur favori.
PENSÉE : En s’inspirant de pensées célèbres (ex. celles de Pascal) effectuer des collages de  fragments, ou articuler des pensées nouvelles en modifiant sensiblement des pensées connues.
PRÉCEPTE: Énoncé  destiné à orienter un  mode de vivre ou à induire des actions ou des convictions profondes.
PROVERBE DÉTOURNÉ : Conserver les débuts de proverbes existants et proposer diverses suites pour fabriquer des faux proverbes. Apprécier les trouvailles effectuées.
QUESTION/RÉPONSE : Jeu surréaliste d’association de questions plus ou moins farfelues posées sur différents thèmes avec un collage de réponses aléatoires. Variante du jeu « les petits papiers ».
SARDINOSAURE : Mot–valise oulipien constitué avec des noms d’animaux, que l’on peut décrire ou définir en déployant son imagination ou en demeurant au pied de chaque lettre.
SENTENCE: Énoncé moral ou résultat concluant un procès ou l’audition d’une cause dans un contexte de légalité qu’il est possible de détourner ou de poétiser.
SLOGAN : Énoncé rassembleur utilisé  en fonction d’une cause ou d’un événement.
TANKA:  Poème de 31 syllabes sur 5 lignes, plus long qu’un Haïku mais s’inscrivant dans la même veine.
TITRE : Trouver des titres percutants est un art. Demander aux élèves  quels titres ils donneraient à tel ou tel événement raconté. Faire comparer les titres en indiquant ses préférences et en les justifiant.
TWILLER : Un « thriller» est un  roman  à fort suspense composé sur Twitter, un genre de roman policier résultant du cumul des gazouillis individuels. Même si le roman ne constitue pas d’emblée une forme brève, son traitement sur Twitter permet de le percevoir sous un angle collaboratif.
VIRELANGUE: Casse-langue,  fourchelangue ou trompe-oreilles, il s’agit d’un énoncé difficile à prononcer et qui nécessite beaucoup d’attention pour le prononcer correctement et de plus en plus rapidement en le répétant à plusieurs reprises.
Quelques contraintes littéraires  à jumeler aux formes brèves!
Centrées sur des  jeux de mots, les explorations contraignantes  de la  langue mises de l’avant par les célèbres  Oulipiens (voir la photo) procurent un plaisir ludique. L’OuLiPo(L’Ouvroir de Littérature potentielle) a prouvé l’intérêt des contraintes littéraires pour faire mousser la créativité. Pourquoi pas un horoscope à partir d’assonances et d’allitérations? Pourquoi pas un twitteroman lipogrammatique? Pourquoi pas un bout-rimé avec des anaphores? D’innombrables combinaisons sont possibles et les explorations deviennent  bien vite oulipiennes.
ALLITÉRATION : Retours multipliés de plusieurs consonnes  dans un énoncé poétique.
ANAGRAMME : Permutations de lettres pour former des mots ou même des poèmes.
ANALOGIE : Lien possible entre deux idées qui à première vue ne semblent pas apparentées.
ANAPHORE: Répétition des mêmes mots au début d’un poème à des fins incantatoires ou chaîne  anaphorique de mots substituts pour éliminer les répétitions dans les phénomènes de reprise grammaticale.
ASSONANCE:  Répétition harmonique  de mêmes sons vocaliques (phonèmes) dans un énoncé.
CHIASME : Placement inversé des segments de deux groupes de mots.
CLICHÉ : idée ou expression  trop souvent utilisée. On peut créer des amalgames de clichés.
COMPARAISON : rapprochement d’entités vraisemblables ou non à l’aide de « comme ».
LIPOGRAMME : Énoncés dépourvus d’une certaine lettre ou de certains mots. On peut  systématiquement omettre des lettres peu fréquentes (ex. i, o, a) ou s’inspirer de La disparition de Georges Perec et se passer du E, par exemple comme dans le Twitteroman sans E.
MÉTAPHORE : Image évocatrice se superposant à une autre sans recourir au « comme » de la comparaison. On peut filer des métaphores en les enchaînant les unes à la suite des autres.
MONOVOCALISME: N’utiliser dans les énoncés qu’une seule et même voyelle comme Perec l’a fait dans Les Revenentes.
MOT-TORDU : Tordre les mots à la manière de Pef et de son célèbre Prince de Motordu.
MOT-VALISE : Mot imaginaire provenant de l’amalgame de deux mots existants à partir de leurs syllabes, à la suite de Lewis Carroll et qu’il devient possible de définir ensuite de façon humoristique.
NÉOLOGISME : Mot nouveau souvent obtenu par dérivation pour nommer une toute autre réalité.
OXYMORE : Rapprocher des mots opposés pour créer des effets à la manière des poètes surréalistes.
PALINDROME : Se lit de gauche à droite ou de droite à gauche en conservant le même sens.
PANGRAMME : Phrase qui utilise toutes les lettres de l’alphabet à l’intérieur de mots qui assemblés syntaxiquement font du sens.
PÉRIPHRASE : Plusieurs mots au lieu d’un seul pour préciser sa pensée.
PLÉONASME : Surabondance de termes répétés pour dire la même chose autrement.
TAUTOGRAMME : phrase dont chacun des mots commence par une même lettre.
Évidemment cette liste ne se prétend nullement exhaustive et peut être avantageusement complétée par le recours à des dictionnaires spécialisés à l’instar du Gradus: les procédés littéraires ou par le recours aux divers ouvrages oulipiens. Pourquoi ne pas recueillir préalablement les idées lancées par les élèves  et pourquoi ne pas les encourager à écrire directement sur Twitter? Ensuite, bien entendu, il sera possible d’effectuer des collages de gazouillis, de les préserver sur un blogue et de les transposer éventuellement en format numérique afin qu’ils deviennent des livrels (e-book) accessibles à tous. L’avenir est déjà là pour insuffler une nouvelle vie aux trouvailles créatives du passé qui peuvent nous servir de tremplin fabuleux.
Addendum 2011 04 27 Je vous invite à consulter les merveilleux Défis Borges, à les relever et surtout à vous en inspirer. Comment ai-je pu oublier de les mentionner?




WIKIPEDIA

Fragment

Page d'aide sur l'homonymie Pour les articles homonymes, voir Fragment (homonymie).
Le fragment est une forme littéraire en prose d’une extrême brièveté.
La forme, très ancienne, existe dans toutes les langues. Ainsi, vers l’an 1000, la poétesse japonaise Sei Shônagon, dame de compagnie de l’impératrice Sadako, inventorie dans le Makura-no-sôshi (Notes de chevet, littéralement Poèmes à l’oreiller) ce qu’elle aime, ce qu’elle déteste, ce qu’elle trouve ridicule, ou triste. Elle inaugure un nouveau genre littéraire, le zuihitsu (« au fil du pinceau »).

Sommaire

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En France [modifier]

En France, ce type d’écriture fut d’abord utilisé par Blaise PascalXavier Forneret reprend la formule au xixe siècle pour une série de fragments Sans titre, caractérisés par l'humour noirFélix Fénéon s'inscrit dans cette lignée pour ses Nouvelles en trois lignes. D’autres auteurs, depuis, ont creusé ce sillon, parfois autobiographique. Citons, entre autres, Roland Barthes, les oulipiens Georges Perec (et son livre Je me souviens) et Hervé Le Tellier (et Les amnésiques n'ont rien vécu d'inoubliable, mille réponses à la question « À quoi tu penses ? »), ou encore Michelle Grangaud, pour son recueil GesteValérie Mrejen(dans Eau sauvage, le parfum de son père) fait appel à cette forme pour évoquer ses souvenirs familiaux. C'est encore le cas de Laurent Bourdelas (Le Chemin des Indigotiers ou Les Chroniques d'Aubos), de Patrick Mialon ou Colette Corneille. Le fragment a aussi été utilisé dans de larges pans des œuvres de Henri MichauxCioran, et Christian Bobin.
S’y apparentent également des formes comme les fragments de la Comédie humaine dans les Ébauches rattachées à la Comédie humaine de Balzac, les nouvelles très courtes de Philippe Cousin, deJacques Sternberg, les nanotextes de Patrick Moser et les micronouvelles d'humour noir de Jacques Fuentealba (Tout feu tout flamme).
La forme du fragment questionne le fractionnement de la mémoire et de la pensée. Elle ramène au parcellaire et au dérisoire, donc, contradictoirement, à une forme d’universalité.

En Amérique latine [modifier]

L'écrivain Augusto Monterroso a marqué l'histoire de la littérature en rédigeant le récit le plus court en langue espagnoleLe dinosaure, dont la brièveté n'a été dépassée (en 2005) que par la micronouvelle de Luis Felipe Lomelí, L'Émigrant

Notes et références [modifier]

Voir aussi [modifier]

Liens externes [modifier]

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