http://bibliobs.nouvelobs.com/actualites/20090317.BIB3146/les-nouveaux-twillers.html
Les nouveaux twillers
Depuis une semaine, à l'instar du journaliste du «New York Times» Matt Richtel et de l'écrivain français Thierry Crouzet, plusieurs twillers ont débuté sur le Net, comme Tous les tombeaux se ressemblent de Laurent Zavack ou Buboneka, de deux auteurs, LeRoy K. May et Eric Bourdonnais.
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C'est Thierry Crouzet, écrivain et blogueur, qui avait importé dans l'Hexagone en décembre 2008 ce genre littéraire avec son roman Croisade, qui en est aujourd'hui au chapitre 13. Des articles sont paru un peu partout sur le web, généralement confinés dans la sphère restreinte des geek, s'interrogeant sur la possibilité d'une «nouvelle littérature», sans trop expliquer le pourquoi du comment.
Sur le site personnel de Laurent Zavack, où l'on peut télécharger une nouvelle érotique intitulée On l'appelait Sodomy (composée uniquement des sms que les héros de la nouvelle s'envoient), Thierry Crouzet, Laurent Zavack et LeRoy K. May, dans un bref échange un peu animé, ont tenté de définir leurs motivations. Pourquoi écrivent-ils des twiller ou plus généralement la littérature publiée surtwitter.
Pour Thierry Crouzet, «c'est la façon d'écrire qui est amusante et qui sans doute influence ce qu'on écrit». Et il ajoute:
«Moi, j’ai vu la contrainte 140 caractères comme un jeu littéraire type Oulipo. Ça force à écrire différemment. Par exemple, mes phrases ne passent jamais de SMS en SMS. Dans un dialogue, d’un SMS à l’autre tu dois changer d’interlocuteur ou trouver une astuce. Y’a pas de quoi parler de révolution, juste de contraintes. Et j’ai voulu mettre ça au service d’un genre étranger à mon ADN, le thriller. Le degré zéro de la littérature justement, pour une longueur de phrase elle aussi réduite.»
Pour Laurent Zavack, «les gens parlent généralement de "nouvelle littérature" concernant les textes publiés sur twitter, alors que ce n'est que de la littérature "du livre". Un roman écrit par sms n'est pas un roman écrit en sms. D'un côté, il y a l'innovation, de l'autre la reproduction». Et il s'alarme que«pour un écrivain, twitter, par exemple, ne sert qu'à faire parler de soi en refaisant "du livre", et non à innover en bouleversant les codes narratifs».
Pour LeRoy K. May, «l'alternance des sms ressemble beaucoup au théâtre. C'est une série de dialogues qui conduit l'action, sans narration».
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Alors, fausse nouvelle littérature, nouveauté, épiphénomène ou tendance de fond? La France va-t-elle devenir un Japon bis, avec des keitais romans (romans écrits sur téléphone portable), qui sont de véritables best-sellers au pays du Soleil levant?
Le site ActuaLitté.com met en garde sur ce nouveau genre de roman:
«Cette nouvelle vague de consommation semble caractérisée par une certaine ignorance de ce qui a pu se faire auparavant en littérature. Les adeptes de cette littérature (vous voyez un autre nom?) ne lisent pas, voire n'ont jamais rien lu d'autre avant l'avènement de ces romans "écrits sur le pouce".»
Mais après tout, est-ce si différent de Marc Levy?
http://www.actualitice.fr/la-twitterature-comparee-bientot-enseignee-au-quebec
La « twittérature comparée » bientôt enseignée au Québec ?
Qui aurait cru que le succès de Twitter irait jusqu'à la création d'un « institut de twittérature comparée » ? C'est pourtant chose faite depuis le 4 août 2010... Mais une nouvelle étape est désormais franchie avec l'annonce, le 18 novembre 2011, d'un important financement du Québec pour expérimenter les conditions de développement des compétences essentielles des élèves à l'aide de Twitter. Nombreux sont certainement les enseignants à se dire que leur travail de pionnier n'était pas vain, et que leur vision est la bonne. Twitter dans les classes? Peut-être bientôt un outil incontournable pour la maîtrise de l'écriture...
Lorsque la vice-première ministre et ministre de l’Éducation, du Loisir et du Sport du Québec Line Beauchamp a annoncé mi-novembre sa décision de financer à hauteur de 71 750 dollars canadiens (plus de 51 000 euros) un « institut de twittérature comparée » (www.twittexte.com), les plus conservateurs des pédagogues et des spécialistes des sciences de l’éducation ont du s’étrangler. Payer pour faire entrer Twitter dans les classes alors même que les SMS sont montrés du doigt comme cause évidente du manque de maîtrise du français ? Et pourtant, cela est tout ce qu’il y a de plus sérieux.
L’ « institut de twittérature comparée » n’a pas attendu l’aval des autorités québécoises pour exister. Cet organisme à but non lucratif œuvre depuis plus d’un an à la promotion de ce nouvel outil, en conviant chercheurs, amateurs, enseignants et étudiants à « analyser les aspects théoriques, sociologiques, thématiques, stylistiques et tutti quanti concernant toutes les twittératures (d’où l’idée que les différents corpus nationaux puissent être comparés dans leur spécificité linguistique, thématique, etc.) ».
Le message semble-t-il a été clairement entendu du côté du ministère québécois de l’éducation qui souhaite, par le financement apporté, conduire « un projet de recherche-action portant sur l’utilisation en classe d’un outil inspiré de Twitter pour développer la compétence à écrire des élèves du secondaire ». Le ministère québécois définit la « twittérature » comme la capacité à « utiliser le site de réseautage Twitter comme un canal de diffusion d’œuvres littéraires très courtes, ne dépassant pas 140 caractères, espaces et ponctuation inclus ».
Parmi les actions envisagées par Line Beauchamp, la création d’un « site de microblogue destiné uniquement au monde scolaire et qui permettra aux enseignantes et enseignants de commenter et de corriger les productions écrites des élèves avant leur publication ». La ministre se veut toutefois prudente, estimant que « l’utilisation du réseau Twitter en classe peut poser certains problèmes, notamment en ce qui a trait à la sécurité de l’information et à la confidentialité ». Mais en s’engageant dans cette voie, peut-on sérieusement revenir en arrière ?
Publié le 17 octobre 2012 à 05h00 | Mis à jour le 17 octobre 2012 à 05h00
La twittérature, c'est du sérieux
Publié le 18 novembre 2011 à 16h17 | Mis à jour le 18 novembre 2011 à 23h54
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